Petite histoire de l’eucalyptus au Portugal. (Quercus)

«- Oh, Zé Fernandes, quels sont les arbres qui poussent plus vite?
 - Hé, mon Jacinto… L'arbre qui pousse le plus vite est l'eucalyptus, l'eucalyptus laid et ridicule.  Dans six ans, vous aurez Tormes recouvert d'eucalyptus ... »
Eça de Queirós, in a Cidade e as Serras, 1901

Les eucalyptus sont connus des Européens depuis le début du XVIe siècle, lorsque les Portugais ont colonisé le Timor.

L'eucalyptus est entré dans l'histoire avec le botaniste français L'Héritier de Brutelle, qui enregistre l'Eucalyptus obliqua en 1788.

En 1774, il est cultivé pour la première fois en Europe, dans les jardins de Kew, à Londres, comme une simple curiosité botanique. Il fut rapporté d’Australie par James Cook lors de son second voyage.

Au Portugal, l'introduction de l'eucalyptus a été beaucoup plus tardive. Deux eucalyptus ont été plantés en 1850-1852 sur la propriété du duc de Palmela à Lumiar.

À partir des années 1860, l'expansion a été fulgurante.

Sa croissance rapide, sa grande résistance et son adaptabilité à des conditions édapho-climatiques strictes ont dicté sa plantation à grande échelle.

« À cette époque il se développa rapidement, multiplia miraculeusement la richesse forestière dans des proportions inégalées, peupla les déserts,... donna un excellent bois à toutes fins, se rebella contre la pourriture, et distilla  huiles précieuses, essences et médicaments. »(1)

En 1886, 150000 eucalyptus étaient déjà plantés.

De nos jours l'eucalyptus représente plus d'un quart (25,7%) du total des peuplements forestiers. C’est l’espèce la plus représentative du Portugal.

Les données fournies par l'ICNF révèlent qu'entre octobre 2013 et juin 2020, la plantation de 81475 hectares d'eucalyptus a été approuvée. La deuxième essence la plus autorisée était le pin pignon, avec 5931 hectares. 

Les eucalyptus se sont adaptés pour survivre, et même prospérer en cas de feux. 
Tout est fait pour : les feuilles qui, en tombant, forment un épais tapis inflammable, les bandes sous son écorce qui facilitent le chemin du feu jusqu’à la couronne de l’arbre, l’huile combustible contenue dans son tronc, et la canopée clairsemée qui permet de laisser passer le vent pour transmettre le feu d’un arbre à l’autre et projeter des braises le plus loin possible. 

“L’eucalyptus provoque même de la vapeur qui fait de lui un pyrophyte actif, qui favorise les départs de feu”, explique Rod Fensham, biologiste de l’université du Queensland. (2)

A.L. / L.L.

Sources :
(1)- http://www.gutenberg.org/files/27715/27715-h/27715-h.htm
En 1920, Jaime M. Lima (essayiste et diffuseur du végétarisme) a ouvert un article sur l'eucalyptus et les acacias au Portugal.

(2)- https://www.lemonde.fr/climat/article/2020/01/17/incendies-en-australie-quelles-seront-les-consequences-pour-les-forets_6026160_1652612.html

https://www.researchgate.net/publication/338695712_A_entrada_na_Europa_e_a_expansao_inicial_do_eucalipto_em_Portugal_Continental

https://www.geopalavras.pt/2013/11/historia-do-eucalipto-em-portugal.html

Photo : Quercus.