Petite histoire de l’hôtel Serra da Pena. Lisbonne mémoires.

Cette histoire aurait pu sortir d’un livre de science-fiction. Mais pourtant elle se passe en 1920 dans le petit village de Sortelha.

Depuis 1910 non loin de ce petit village il y avait une exploitation de mine d’uranium d’où était extrait du radium, hautement radioactif. 

À cette époque on croyait que le radium avait un pouvoir miraculeux qu’il pouvait rajeunir et soigner quelques maladies dont le cancer. On pouvait l’utiliser en cosmétique, en sel de bain, ainsi que pour faire du chocolat.

Comme dans toute bonne histoire, il y a aussi un mythe.

Il se dit qu’à cette époque les eaux auraient soigné la fille du compte Don Rodrigo d’origine espagnole très gravement malade de passage dans la région.

À partir de là il décida de faire à cet endroit un hôtel thermal construit en pierre de granite, d'où se détache une tour majestueuse à plusieurs étages, dont il ne reste que la façade, l’hôtel disposait de 90 chambres pouvant accueillir 150 pensionnaires. Les thermes étaient remplis grâce à trois sources d’eaux hautement radioactives.

En 1927, lors d'un congrès en France à Lyon, les eaux radium étaient considérées parmi les plus radioactives au monde.

Les soins quotidiens comprenaient l'ingestion d'un litre d'eau « thermale », des compresses électriques radioactives, des applications de boues également au radium, la balnéothérapie, et même l'utilisation d'un appareil de nettoyage du côlon avec 35 litres d'eau « minérale ».

Petite histoire de l’hôtel Serra da Pena. Lisbonne mémoires.

En 1929, l'exploration thermale est louée à la société Sociedade Águas Radium Lda, sous contrat jusqu'en 1940.

Après la Seconde Guerre mondiale, les effets dévastateurs des matières radioactives sont finalement démontrés.  En 1945, les thermes fermèrent définitivement.

En 2000 le complexe thermal a été vendu aux enchères à Lisbonne, avec l'intention de transformer le lieu en un hôtel de luxe (à partir des ruines actuelles) avec un golf et des piscines et dans une seconde phase les thermes.

Savoir que ce paysage est le résultat d'une énorme erreur scientifique, aux conséquences irrémédiables pour ceux qui y sont allés, change radicalement l'impression que nous en avons.  Les ruines prennent une dimension désastreuse, en phase avec l'empoisonnement inconscient qui se pratiquait méthodiquement chaque jour à l'intérieur.  

A.L./L.L.

Source :
https://www.nit.pt/fora-de-casa/07-21-2016-edificios-abandonados-o-hotel-que-nasceu-e-morreu-por-causa-da-radioatividade

Photos :
Ludovic Lestable